Aux monts Hoàng Liên Sơn

Ma dernière virée vietnamienne sera également de deux jours, cependant je ne pars plus vers l’est et la mer. Je me rends en la province de Lào Cai. Un bus aux couchettes trop petites me rapproche de la frontière chinoise. Ma dernière virée m’amène à Sa Pa.

Sur le bord de la route qui zigzag, il y a des lignes électriques et des fermes d’orchidées. Dans les vallées, des rizières et des pylônes.

Sa Pa est un lieu d’exception. Dans cette vallée encaissée, de nombreux villages se jouxtent, abritant près de 50 ethnies différentes !

Je suis accueilli à la descente du bus par une jeune fille avec un grand panneau cartonné affichant “Adrien”. Quand le panneau s’écarte, je découvre un large sourire, qui se communique instantanément à ma bouille. Shô sera ma guide pour ces deux jours. Bilingue, elle est native de Sa Pa est y vit avec la famille de son époux.

Sa Pa est en train de se développer à vitesse grand V ! Des hôtels gigantesques sortent du sol sur les crêtes des montagnes.

Pourtant, pour gagner le sentier des collines qui descend vers la vallée, on passe par un village au caractère bien moins capitaliste.

Des poules poussent leurs poussins entre les sabots de cochons noirs massifs. Le voyez-vous au fond ? Cherchez le tir-bouchon!

Du linge bariolé aux teintes éclatantes sèche entre deux averses. Shô rencontre une femme plus âgée qui se présente à moi et va nous accompagner. Elle ne parle pas anglais mais bavarde avec Shô qui excelle en tant que traductrice.

Une meute de chiens aux allures de loups miniatures nous suit à distance. Shô lève occasionnellement son bâton.

Sous les trop nombreuses récentes lignes à haute tension, des enfants loups esseulés jouent entre les flaques. Les capuches rabattues sur leurs frimousses portent une paire d’oreilles animales. Ils ont l’air si petits dans ce paysage ! Ici, nombre de très jeunes enfants poursuivent les touristes pour vendre les bracelets tressés que leurs mères fabriquent.

Devant ou derrière, le paysage est grandiose. Les rizières débordantes reflètent la lumière. L’horizon est lointain et laisse voir de nombreux villages entre les montagnes.

Le problème pour les personnes des ethnies locales n’est pas seulement de gérer la masse croissante de touristes et de préserver leurs cultures dans ces circonstances. L’école doit être accessible à toute cette jeunesse dans ces vallées, et nombreux font le choix de Shô, qui a appris l’anglais très tôt pour devenir guide.

Le scooter peut t’amener jusqu’à la ville , mais pour eux qui font le choix de demeurer ici, dont les parents ont vécu de la culture de l’indigo et du riz, le futur à un goût d’ailleurs.

Contrairement au reste du pays, ici, les maisons sont basses, les toits, pentus. Il peut neiger en hivers et il est important de pouvoir chauffer facilement le lieu de vie.

La vallée s’ouvre devant nous alors que l’on s’apprête à gagner le village de Shô. Elle m’amène voir sa maison, rencontrer sa belle famille.

Nous traversons enfin une forêt de bamboos géants, sur un sentier de boue. L’aide de mes deux amies me permettra d’arriver entier et intègre jusqu’à la maison de mes hôtes. Le soir, les chants s’élèvent à mesure qu’on descend l’alcool de riz.

On m’avait dit de fuir Sa Pa, car d’autres villages reculés permettent encore de rencontrer des personnes qui n’ont pas l’habitude des touristes, pour rechercher l’authenticité et l’aventure, l’échange sans mots. Malgré tout, j’ai aimé Sa Pa et les personnes que j’ai rencontrées, ceux qui m’ont accueillis pour partager un pichet, un Phở et quelques mots ! Avec le sourire, se comprendre n’est plus qu’une question d’envie.

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