
Je longe un mur d’enceinte sans savoir ce qu’il abrite. Au terme de quelques marches j’arrive à la forteresse de Guia. Il y a du monde et l’endroit concentre la foule par d’étroits passages. La foule. Vous ne la verrez pas sur mes photos. Elle ne m’intéresse pas car ici elle ne raconte rien.

La citadelle blanche montre des signe de l’âge et accuse quelques fissures, cependant elle contraste avec les environs. Petite et perchée, elle semble pourtant majestueuse, tel un monastère des Météores, la chapelle et son phare surplombe la vallée.
Les casinos sont loin et se noient dans la verdure comme si la jungle reprenait ses droits sur le béton de la perspective d’un vestige d’histoire. Intemporel, la luxure actuelle n’est qu’un brin d’histoire de cette terre.


Le canon d’ici pointe vers la civilisation et la mer, menaçant l’ouverture sur un monde autrefois hostile.

La chapelle est adorable. L’intérieur n’admet heureusement pas de photographie. Les peintures et écrits rouges ressortent sur des murs blancs. On contemple une voûte étonnamment étendue dont les détails brillent par leur légèreté.

Des oiseaux blancs sans fantaisie règnent sur l’ensemble. L’air poisseux qui nous entoure n’est plus une préoccupation ici. Il n’a pourtant jamais été aussi palpable.
Le panorama m’offre une évidence: le mure d’enceinte plus tôt cité entourait un havre du repos éternel.

Cette minuscule église turquoise au bas des blocs est complètement incongrue! Ces morts ont peu à envier aux vivants qui les regardent de haut quand on compare la surface qui leur est allouée. Eux sans vie sont plus proches du sol, quand mes contemporains tendent à se rapprocher du ciel… un comble de paradoxe s’il en est!

Et enfin, cette tour. Quel architecte fou a décidé d’une telle représentation? Le drapeau rouge/jaune/vert est superbement dépeint sur sa surface étirée. Suis-je le seul à la voir ainsi? La tour de Babel, cette illusion des hommes qu’en bâtissant toujours plus haut, on se rapproche de l’Éternel. Un fantasme jadis puni. Macao serait-elle la nouvelle Babylone? Une parmi tant d’autres.
D’un jeune couple, le garçon amuse sa donzelle de bulles de savon. Si le vent les porte, elles iront peut-être taquiner nos oiseaux blancs.
En partant je traverse un parc dont les haies sont des dragons.

Au pied d’un ficus, au sein de ses tentacules, un sanctuaire miniature dissimule une statue de géant.

Aucune divinité n’a plus beau sanctuaire ici-bas.

Pour partir, certains prennent un raccourci céleste dont je ne connais ni le point de départ, ni celui de chute. Je lance donc mes pieds dans les escaliers qui ramènent à la cohue.