La nuit, loin des perversions

Je n’ai pas envie de rentrer trop tôt à mon hôtel, même si je n’ai pas l’esprit à la fête. Je vais me rapprocher des gens, retourner vers le centre ville. Dans la quartier où je suis, la nuit tombe presque instantanément, il n’y a pas d’éclairage central, juste des lueurs ou bout de sentiers fuyants.

Je vois de la lumière au bout d’un ruelle, je la suit et déboule dans la grand rue, commerciale, bondée. Les murs blancs renvoient le scintillement de nombreuses ampoules suspendues en guirlandes au-dessus de ma tête. Les gens vont et viennent et ne s’arrêtent que le temps d’une photo.

Waouh. Ce ballet incessant de silhouettes a quelque chose de dansant, comme sur une patinoire. Moi je suis trop pataud, je marche au ralenti au milieu, photo-bombant massivement.

En poursuivant mon chemin le nez en l’air, je m’éloigne, fait le tour du quartier, revient à mon point de départ. Une tartelette partagée à un comptoir, spécialité locale d’origine exotique, je quitte le pignon sur rue du boui boui. Continuant par une avenue bondée j’arrive à un parc où quelques individus profitent de leur solitude sur des bancs sous le couvert de la ramure de ficus impressionnants. Un escalier me mène au pied du mur. Le fort de la colline. Un témoignage surmontée d’un canon braqué sur la vie de la nuit.

Je fais le tour en longeant l’édifice et je croise d’autres marcheurs souriants.

Puis je réfléchis, tout en redescendant les marches, à l’itinéraire vers mon lit. Je choisis les ruelles pour régresser jusqu’à l’hôtel. En arrivant à l’angle de la dernière rue, un attroupement m’intrigue.

Il est tard, mais ces gens ne seront pas servis avant longtemps, entre les têtes j’aperçois un couple qui dans la vapeur mijote pétaure de délices. La file fait 40 affamés au bas mot. J’hésite à l’allonger par gourmandise mais le spectacle du duo de chefs est plus intéressant que le fantasme de goûter à leur cuisine, je reste parmi les curieux à les observer ! Dix minutes sans qu’ils lèvent la tête, tendant des barquettes régulièrement à ceux qui ont déjà passé commande.

J’ai appris en lisant qu’Orson Welles avait parlé en ces termes de Macao : “[…] la ville la plus pervertie au monde.” La vie que j’y découvre n’illustre pourtant pas ces mots !

adriphotosuds

Si mon réflex me suit partout, c'est que je pense qu'à l'origine de toute création il y a un moment, un contexte, parfois une rencontre. J'aime la photo en général, les portraits, la photo de rue et les compositions minimalistes.

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